« Un bon père de famille, c’est celui qui sait nourrir sa famille. Un bon président, c’est celui qui sait nourrir sa population ».

Le 21 mars 2025, la Conférence Ministérielle sur la sécurité alimentaire et nutrition des États membres de la Commission de l’Océan Indien (COI) s’est tenue à Antananarivo, Madagascar. Cette réunion a réuni les Ministres des secteurs concernés, ainsi que de nombreuses parties prenantes, notamment les représentants des États membres de la COI, les institutions publiques, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les institutions de recherche, les organisations de la société civile, les médias, les membres du comité de pilotage et les représentants des plateformes scientifiques. Elle a permis d’aborder les défis et les opportunités liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition, tout en explorant les moyens de renforcer la coopération régionale en vue de promouvoir des systèmes alimentaires plus inclusifs et résilients.

La région de l’océan Indien compte plus de 32 millions de consommateurs, principalement dépendants des importations alimentaires à forte empreinte carbone (CNUCED,2021), malgré les ressources agricoles disponibles à Madagascar. Le pays doit relever des défis tels que la modernisation des techniques agricoles, l’amélioration de l’irrigation, le renforcement des infrastructures de transformation, et le passage des barrières douanières (BAD,2020).

Pour Madagascar, le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage est chargé de la gestion de la sécurité alimentaire et de la nutrition. La sécurité alimentaire constitue un enjeu stratégique majeur, dans la mesure où une grande partie de la population dépend de l’agriculture pour sa subsistance. Cette problématique est exacerbée par plusieurs facteurs, notamment la vulnérabilité aux aléas climatiques, la forte dépendance aux importations, la pression démographique croissante et l’instabilité des marchés mondiaux. Face à ces défis, Madagascar met en œuvre des stratégies visant à renforcer la résilience de son système alimentaire et à promouvoir une production locale durable, dans le but d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Inscrite comme une priorité dans la Politique Générale de l’État (PGE), la sécurité alimentaire s’inscrit dans une vision globale de souveraineté nationale et d’industrialisation.
La PGE met en avant plusieurs axes stratégiques :

- L’autosuffisance alimentaire, à travers une augmentation et une diversification de la production agricole, afin de réduire la dépendance aux importations.
- Le développement des infrastructures agricoles, incluant l’amélioration des réseaux d’irrigation, la mécanisation et le renforcement des routes rurales.
- La transformation locale des produits agricoles, pour créer de la valeur ajoutée et stimuler la création d’emplois dans le secteur agroalimentaire.
- L’industrialisation et la modernisation de l’agriculture, en encourageant des pratiques durables et en facilitant l’investissement privé dans le secteur.
La politique Générale du Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage

Le MINAE joue un rôle central dans la mise en œuvre de la politique nationale en matière de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire. Sa stratégie repose sur : l’augmentation de la production agricole, en mettant l’accent sur le développement des exploitations familiales et de l’agri-business. le renforcement des filières agricoles prioritaires, telles que le riz, le maïs, le manioc, les oléagineux, les petits ruminants et les bovins, afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire, l’amélioration de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles, pour optimiser la chaîne de valeur agroalimentaire et maximiser les retombées économiques et la mise en place d’une gouvernance alimentaire multisectorielle, favorisant une meilleure coordination des interventions et des politiques publiques.
Opérationnalisation de la Feuille de Route Nationale pour la Transformation des Systèmes Alimentaires
Madagascar a adopté une Feuille de Route Nationale pour la Transformation des Systèmes Alimentaires, qui constitue une pierre angulaire pour l’amélioration de la sécurité et de la souveraineté alimentaires. Sa mise en œuvre repose sur plusieurs leviers clés :
- L’adoption de politiques intégrées et multisectorielles, impliquant les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la nutrition, de l’environnement et du commerce.
- Le renforcement des capacités des producteurs locaux, en garantissant un accès facilité aux intrants agricoles, aux technologies innovantes et aux infrastructures adaptées.
- L’amélioration des mécanismes de financement, pour soutenir les investissements dans l’agriculture et stimuler l’entrepreneuriat agroalimentaire.
- Un suivi et une évaluation continue des progrès réalisés, afin d’adapter les interventions et maximiser l’impact sur la sécurité alimentaire nationale.
La coopération régionale et internationale

Madagascar travaille en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux et internationaux afin de renforcer sa souveraineté alimentaire. La Commission de l’Océan Indien (COI) joue un rôle clé dans cette dynamique en appuyant des initiatives stratégiques, notamment : le STAT SANOI, PRESAN I et II, qui vise à renforcer les politiques alimentaires et nutritionnelles, le BRECOMA/SANOI, JUMELAGE SPS/SANOI, qui soutiennent l’amélioration de la salubrité et des normes sanitaires des produits alimentaires et le SANBONAI/SANOI, SANUVA/SANOI, qui mettent l’accent sur l’adaptation des systèmes agricoles aux effets du changement climatique.
Vers une souveraineté alimentaire durable et inclusive
L’atteinte d’une souveraineté alimentaire durable à Madagascar repose sur plusieurs actions stratégiques le renforcement des capacités de production locale, pour réduire la dépendance aux importations et améliorer la sécurité alimentaire nationale, l’adaptation aux changements climatiques, à travers la promotion de pratiques agricoles durables et une gestion optimale des ressources naturelles, le développement de chaînes de valeur compétitives, assurant une meilleure distribution et transformation des produits alimentaires locaux, l’amélioration de l’accès aux financements et aux innovations agricoles, afin de soutenir la modernisation du secteur et l’autonomisation des producteurs et la mise en place d’une gouvernance efficace, garantissant une coordination optimale des interventions aux niveaux national et régional.

À l’issue de la conférence, plusieurs actions prioritaires et recommandations ont été formulées pour garantir la réussite du soutien à la sécurité alimentaire et à la nutrition des États membres. Ces propositions seront soumises lors du Sommet des Chefs d’État de la Commission de l’Océan Indien (COI) sur la Sécurité alimentaire et la nutrition. Parmi les actions clés figurent l’accélération de l’opérationnalisation de l’URSAN (Unité Régionale de Sécurité Alimentaire et de Nutrition), l’élaboration d’une feuille de route concrète pour la mise en œuvre du PRESAN (Programme Régional de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle), ainsi que le renforcement des partenariats stratégiques et de la coopération régionale.