11 décembre 2025, Ibis Antananarivo_Les aflatoxines représentent un défi majeur pour la sécurité alimentaire, la santé publique et la compétitivité agricole en Afrique, et Madagascar n’échappe pas à cette réalité. Produites principalement par des champignons du genre Aspergillus de la section flavi, elles contaminent le maïs et l’arachide, dès le champ et tout au long de la chaîne de valeur.

À Madagascar, le fléau de l’aflatoxine reste souvent discret, mais les données disponibles montrent son ampleur. Selon la presse de 2022, 60 % de la production d’arachide dans le sud du pays, notamment dans les régions d’Anosy, Androy et Atsimo Andrefana, présente une contamination par les aflatoxines. Entre 2011 et 2018, 17 interceptions d’arachides exportées ont été signalées par la FDA, témoignant de l’impact sur les échanges commerciaux. Les risques pour la santé sont sérieux, incluant des effets sur la croissance des enfants, sur le système immunitaire, et des cas de cancer du foie, comme observé dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.
Bien que les bonnes pratiques agricoles et post-récolte soient encouragées, elles ne suffisent pas à réduire durablement les niveaux de contamination à des seuils acceptables. Pour renforcer la lutte intégrée contre les aflatoxines, l’IITA a développé une solution biologique innovante : Aflasafe. Ce biopesticide repose sur des souches atoxigènes d’Aspergillus flavus, qui concurrencent les souches toxiques directement dans les champs. Cette technologie a démontré un taux de réduction de la contamination allant de 80 à 98 % dans plusieurs pays africains.

Dans le cadre de son extension à Madagascar, Aflasafe sera disponible pour des essais pilotes visant à tester son efficacité. Une cargaison initiale de deux tonnes, désignée MZ02 et provenant du Mozambique, est attendue à la fin du mois de novembre 2025. Ces essais seront menés dans différentes zones agroécologiques afin d’évaluer le potentiel assainissant du biopesticide.
L’IITA, mandatée par le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MINAE), travaille en étroite collaboration avec le FOFIFA pour structurer et coordonner ces essais. Plusieurs acteurs du secteur privé, impliqués dans la transformation du maïs et de l’arachide, ont déjà manifesté leur intérêt pour tester cette innovation dans leurs zones d’intervention. Afin d’assurer une planification harmonisée entre partenaires publics et privés, un atelier de planification a été organisé.
L’objectif de cet atelier est de présenter le contexte international et national des aflatoxines ainsi que la technologie Aflasafe, d’exposer le protocole expérimental et les modalités techniques des essais, et d’identifier et sélectionner les sites multi-sites, qu’ils soient publics ou privés. Il permettra également de définir clairement les rôles et responsabilités de chaque institution, de déterminer les besoins logistiques liés à la réception, au transport, au stockage et à la distribution d’Aflasafe, et d’élaborer un calendrier d’activités détaillé. Les modalités de suivi, de collecte de données, de contrôle qualité et de reporting ont été précisées, tout comme le budget prévisionnel pour la mise en œuvre des essais. L’atelier vise aussi à favoriser l’appropriation nationale de la technologie afin de préparer un futur déploiement commercial adapté aux réalités paysannes.

À l’issue de cette rencontre, les partenaires disposent d’un protocole expérimental validé, d’une liste des sites d’essais conformes aux spécifications techniques, d’un plan opérationnel complet incluant calendrier, responsabilités et logistique, d’une stratégie de suivi et de collecte des données avec indicateurs de performance, ainsi que d’un budget prévisionnel fonctionnel.
Les participants incluent les institutions IITA Madagascar, FOFIFA, MINAE, le Ministère de la Santé publique (MINSAP), l’Office National de la Nutrition (ONN), et le Ministère de l’Industrialisation et du Commerce (MICC). Le secteur privé a été représenté par le Groupe BASAN, Tanjaka Food, Groupe INVISO, Groupe HABIBO, STAR, Sahan’ala, LFL (Livestock Feed Limited) et Soafiary.

Les méthodologies retenues ont compris des exposés techniques sur les aflatoxines, Aflasafe et le protocole, des travaux de groupes pour la sélection des sites et la planification opérationnelle, des discussions visant à harmoniser les approches, ainsi qu’une validation collective du plan opérationnel. L’atelier a permis enfin l’élaboration participative du calendrier, de la répartition des responsabilités et du budget, afin de garantir une mise en œuvre efficace et coordonnée.
« 𝐃𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐬𝐩𝐞̀𝐫𝐞𝐬, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐧𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐞 »